Analyse Wolfsburg – PSG : les parisiennes pas au niveau européen

📸 © Paris Saint Germain
Wolfsburg 4-0 PSG
La sentence est lourde : 4-0. Un score sévère, peut-être, mais incontestable. Le PSG féminin a été puni de ses manques face à une équipe de Wolfsburg rodée, clinique et puissante. Certes, la prestation n’a pas été catastrophique dans le contenu, mais cette défaite met surtout en lumière l’écart qui sépare encore Paris du haut niveau européen.
Et ce qui rend cette soirée frustrante, c’est que les occasions étaient là. Le PSG s’est créé de vraies situations dangereuses, mais n’a pas su les concrétiser. Pendant ce temps, Wolfsburg n’a eu besoin que de quelques fulgurances pour faire plier Paris. C’est toute la différence entre une équipe européenne installée et une autre qui cherche encore à se construire.
De bonnes intentions mais un manque d’efficacité criant
S’il faut retenir une chose de cette soirée, c’est que le PSG n’a pas été ridicule dans le contenu. Les joueuses de Paulo César se sont procurées plusieurs occasions franches, surtout en deuxième mi-temps. Merveille Kanjinga a eu plusieurs face-à-face avec la gardienne, Joe Echegini a tenté à plusieurs reprises mais rien n’est rentré.
Avec 16 tirs pour 5 cadrés, le constat est clair : Paris pèche dans le dernier geste. Cette inefficacité offensive est aujourd’hui un frein majeur aux ambitions européennes du club. Pourtant, dans l’impact, les Parisiennes ont répondu présentes : 54 % de duels gagnés, ce qui n’est pas anodin face à une équipe allemande réputée pour sa puissance physique. Le problème n’est donc pas l’intensité, mais la justesse technique.
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Le 3-5-2, un système qui pousse à la réflexion
La question du système se pose sérieusement. Le 3-5-2 actuel laisse trop d’espaces derrière les pistons et au milieu. Jackie Groenen se retrouve isolée dans la récupération, pendant que Sakina Karchaoui et Joe Echegini évoluent très haut pour soutenir l’attaque. Résultat : le PSG est facile à transpercer dans les transitions.
Cette fragilité n’est pas nouvelle : 12 buts encaissés en 5 matchs (source : Instinct Foot). Ce chiffre doit alerter le staff. Le système de jeu de Paulo César demande une animation collective très précise et beaucoup d’automatismes, offensivement et défensivement. Aujourd’hui, Paris n’en est pas là.
Peut-être faut-il se poser la question d’un retour à une défense à quatre, plus stable et plus cohérente avec les profils disponibles. Quand le PSG a évolué en 4-3-3, on a senti davantage d’équilibre et de maîtrise.
Un déséquilibre au milieu et une intensité difficile à tenir
Le style de Paulo César est ambitieux : pressing haut, volonté d’attaquer en nombre, défense très avancée. Mais ce style a un prix. Les joueuses doivent enchaîner des courses à haute intensité à la perte du ballon pour se replacer. Tenir ce rythme sur 90 minutes est difficile, surtout avec un effectif jeune et inexpérimenté.
Le déséquilibre est évident : deux milieux très offensifs, peu de retours défensifs, et une équipe souvent coupée en deux. C’est dans ces moments que Wolfsburg a frappé, en exploitant les espaces laissés entre les lignes.
Une attaque en panne
Offensivement, les lacunes sautent aux yeux. Rasheedat Ajibade et Merveille Kanjinga ont beaucoup tenté, mais ont aussi beaucoup gâché : précipitation, centres imprécis, mauvais choix dans les zones décisives.
Le manque d’automatismes est criant. Les joueuses ne se trouvent pas encore naturellement. Le collectif est neuf, les connexions tardent à se créer, et les recrues arrivées tardivement cet été n’ont pas eu le temps de pleinement s’intégrer. L’émulsion offensive n’existe pas encore.
Kanjinga incarne bien cette situation : une joueuse puissante et rapide, mais encore trop individuelle dans ses choix. Elle doit apprendre à jouer pour et avec les autres.
Romée Leuchter, censée porter l’attaque après le départ de Katoto, est restée invisible. Le problème est peut-être structurel : elle semble plus à l’aise dans un 4-3-3 en pointe que dans un 3-5-2. Le staff doit se pencher sur cette question. Quant à Rasheedat Ajibade, elle est également encore trop brouillonne même si le poste de piston n’est pas le sien.
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Une défense fragile et trop exposée
Là aussi, le constat est brutal : trop de ballons perdus, trop d’espaces concédés, trop de passivité dans certaines séquences. Wolfsburg n’a pas eu besoin de forcer pour marquer quatre fois. Chaque approximation parisienne a été exploitée.
À ce niveau, la moindre erreur se paie cash. Et aujourd’hui, le PSG n’a pas encore la rigueur défensive nécessaire pour rivaliser avec ce type d’équipe européenne.
Quant à Mary Earps, elle ne rassure toujours pas. Mentalement, cela peut aussi affectée d’encaisser autant de buts.
Tout n’est pas à jeter. Paris a existé dans le jeu. Mais pour espérer rivaliser sur la scène européenne, il faut être clinique dans les deux surfaces. Ce qui a fait la différence ce soir, ce sont l’efficacité offensive de Wolfsburg et les erreurs défensives parisiennes.
Un vrai chantier collectif
Il ne faut pas l’oublier : ce PSG est en pleine reconstruction. Les départs de joueuses majeures ces dernières saisons ne sont pas à sous-estimer, d’autant qu’elles n’ont pas été remplacées à qualité équivalente.
Aujourd’hui, le groupe est jeune, les recrues récentes, et les repères collectifs encore fragiles. Les difficultés actuelles sont aussi le reflet de recrutements tardifs lors du mercato d’été, qui ont limité le temps de travail collectif avant les grands rendez-vous.
Le PSG doit désormais transformer cette claque en point d’appui. Le potentiel est là, mais il faudra redoubler d’efforts, clarifier une identité de jeu et construire sur les forces réelles de l’effectif, et non sur un système par défaut.
Les statistiques
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