Kelly Gago
Attaquante de l’équipe de France
A la découverte des attaquantes de l’Équipe de France pour l’Euro 2025
Si la solidité défensive reste une base pour espérer briller dans un grand tournoi, c’est bien l’efficacité offensive qui fait souvent la différence dans les moments clés. Et à l’approche de cet Euro 2025, les regards se tournent vers les attaquantes des Bleues, attendues pour faire trembler les filets et porter cette équipe vers les sommets.
Entre valeurs sûres, joueuses en pleine ascension et surprises du chef, le secteur offensif français présente un mélange de puissance, de vitesse, de créativité et de fraîcheur. Certaines doivent confirmer leur statut, d’autres s’imposer dans un groupe encore en construction. Toutes, en revanche, ont un rôle à jouer dans cette compétition qui pourrait marquer un tournant pour l’histoire de l’équipe de France féminine.
Delphine Cascarino, Kadidiatou Diani, Marie-Antoinette Katoto ou encore Melvine Malard : tour d’horizon de celles qui vont faire vibrer les filets… et, on l’espère, les supporters.
Delphine Cascarino : le TGV français
Delphine Cascarino, c’est sans doute l’une des joueuses les plus frustrantes et les plus fascinantes de cette équipe de France. Car avec ses qualités de vitesse, de percussion et de dribble, on est en droit d’attendre bien plus. Plus de différences. Plus de chiffres. Plus de buts.
Et pourtant, en 76 sélections, l’attaquante n’a inscrit que 14 buts. Un ratio un peu décevant pour une joueuse souvent qualifiée comme l’une des meilleures ailières du monde. Elle évoque presque un Ousmane Dembélé version féminine (avant sa montée en puissance de la saison 2024-2025) : une menace permanente, une explosion de vitesse sur son côté, des dribbles qui déséquilibrent… mais aussi un déchet technique qui laisse souvent sur sa faim.
Trop longtemps, Cascarino a semblé évoluer dans un certain confort aussi bien en club qu’en sélection où son seul profil de sprinteuse suffisait à justifier sa titularisation. Mais à haut niveau, cela ne suffit plus. Il faut mettre les occasions au fond des buts.
Son transfert à San Diego Wave en 2024, en quittant la maison OL, semble déjà porter ses fruits. Elle y a trouvé un environnement plus compétitif, un nouveau cadre, une autre culture de travail. Et avec ça, une progression. De nouveaux repères. Un sentiment de défi. Elle paraît plus tranchante, plus engagée, plus impliquée dans les deux surfaces.
L’Euro 2025 représente une étape cruciale pour elle. Car Delphine Cascarino a tout ce qu’il faut pour être l’une des joueuses les plus décisives de la compétition. Elle peut faire mal à n’importe quelle défense, elle peut dynamiter un match, elle peut porter cette attaque française… si elle parvient à canaliser et varier son jeu, à améliorer ses choix, et à transformer ses courses en chiffres.
Le talent est là. Reste à le faire exploser pleinement. Car si le TGV Cascarino se met à l’heure européenne, alors les Bleues pourraient aller très loin.
Kadidiatou Diani : la puissance tranquille
Avec 114 sélections depuis sa première cape en 2014, Kadidiatou Diani est l’un des piliers incontestables de l’équipe de France. Une joueuse sur qui les sélectionneurs ont toujours pu s’appuyer, tant sa puissance, sa polyvalence et son expérience en font une référence dans le secteur offensif.
À bien des égards, son profil rappelle celui de Delphine Cascarino : rapide, percutante, difficile à arrêter en un contre un. Mais Diani possède une maturité supérieure dans son jeu. Elle fait preuve de plus de régularité, de calme dans les zones de vérité, et surtout, elle a su faire évoluer son registre au fil des années.
Son physique, impressionnant, lui permet de s’imposer dans les duels. Et sa capacité à jouer à tous les postes de l’attaque à droite, à gauche ou même en pointe est un atout majeur pour l’Équipe de France. Si elle est plus naturelle sur un côté, elle a tout de même montré qu’elle pouvait être efficace dans l’axe, comme lors de la saison 2022-2023 au PSG. Repositionnée en numéro 9 par Gérard Prêcheur, elle avait terminé meilleure buteuse de D1 Arkema, décrochant aussi le titre de meilleure joueuse du championnat.
Aujourd’hui, elle est attendue comme une des armes offensives principales des Bleues à l’Euro 2025. Son rôle sera crucial, notamment pour apporter de la verticalité, créer des décalages, mais aussi et surtout pour planter des buts. Car c’est peut-être là que réside encore sa marge de progression : être plus constante dans ses performances, et surtout, plus cliniquement décisive face au but.
Mais Kadidiatou Diani, c’est surtout une joueuse de grands rendez-vous. Quand le niveau s’élève, elle répond souvent présente. Et si elle parvient à enclencher la bonne dynamique dès les premiers matchs, alors elle pourrait bien être l’une des clés du parcours des Bleues cet été.
Kelly Gago : l’inconnue qui pourrait surprendre
Il y a un an à peine, personne ne l’attendait là. Encore joueuse du FC Nantes à l’automne 2024, Kelly Gago fait aujourd’hui partie des 23 Bleues retenues pour disputer l’Euro. Une trajectoire fulgurante, presque improbable, qui illustre à merveille le flair de Laurent Bonadei… et la capacité de certaines carrières à basculer en un éclair.
C’est en octobre 2024 qu’elle découvre l’Équipe de France, dans un relatif anonymat. Une première convocation, un profil intriguant, et très vite une impression laissée.
Transférée à Everton lors du mercato hivernal, elle change totalement de dimension en rejoignant la Super League anglaise. Une marche franchie en quelques mois, grâce à ses performances, mais aussi à un profil atypique : Kelly Gago, c’est une attaquante de surface, physique, précieuse dos au but, capable de peser sur les défenses comme peu de joueuses dans le groupe France. Dans un style qui rappelle parfois celui de Marie-Antoinette Katoto, elle s’impose comme une option tactique intéressante, notamment pour débloquer des fins de match verrouillées.
Elle n’aura sans doute pas un rôle majeur dans le onze de départ, mais sa capacité à marquer sur ses rares occasions et à offrir un autre registre en attaque pourrait s’avérer précieuse. Surtout, elle semble s’épanouir dans ce groupe : libérée, souriante, en confiance, elle incarne aussi cette génération qui ne se fixe pas de limites.
Et si Kelly Gago était la surprise qui fait basculer un match à l’Euro ? L’avenir nous le dira. En attendant, elle profite pleinement de cette aventure inattendue, avec la fraîcheur et l’envie de celles qui n’ont rien à perdre, mais tout à offrir.
Marie-Antoinette Katoto : la renarde des surfaces
Difficile de ne pas voir dans cet Euro 2025 un nouveau départ pour Marie-Antoinette Katoto. Certes, elle avait déjà connu l’Euro en 2022… mais son tournoi s’était arrêté bien trop tôt. Gravement blessée dès le deuxième match face à la Belgique, elle avait été contrainte de quitter la compétition… et le football, pendant plus d’un an. Une traversée du désert de treize mois, avant un retour triomphal aux JO 2024 où elle termine meilleure buteuse du tournoi.
Katoto, c’est l’arme fatale des Bleues. Une attaquante d’élite, parmi les meilleures du monde, capable de marquer contre n’importe quel adversaire, dans n’importe quelle situation. Longtemps, l’équipe de France a été dépendante de ses buts, tant elle était LA buteuse, celle sur qui tout reposait.
Son profil est unique : un sens du but hors normes, une efficacité redoutable dans la surface, un jeu de tête clinique, des appels tranchants, et une vraie science des déplacements. Katoto sait aussi jouer sans ballon, peser sur les défenses, orienter le pressing, créer de l’espace pour ses partenaires. Elle est plus qu’une buteuse, c’est une point d’ancrage, une leader offensive.
Mais elle arrive à cet Euro dans une forme incertaine. Sa fin de saison au PSG, son club formateur, a été compliquée, marquée par un temps de jeu réduit et une séparation tendue. Un contexte qui soulève quelques interrogations, mais qu’elle pourrait balayer d’un seul match, d’un seul but, comme elle en a l’habitude.
Il y a chez Katoto quelque chose de Mbappé : cette capacité à faire basculer un match à elle seule, à incarner la menace permanente, à affoler les défenses. Après ses JO réussis, elle pourrait bien exploser cet été. Car quand elle est en confiance et bien servie, peu de joueuses peuvent rivaliser avec elle.
L’Euro 2025 pourrait être celui de la renaissance, celui de la revanche, mais surtout celui de la confirmation. Avec une Katoto en forme, l’Équipe de France peut viser très haut.
Melvine Malard : la wild card tricolore
Elle était là à l’Euro 2022, sous les ordres de Corinne Diacre, avant de peu à peu sortir des radars. Absente de la Coupe du monde 2023 puis des Jeux Olympiques de Paris, Melvine Malard revient aujourd’hui avec l’envie de prouver qu’elle a encore toute sa place en équipe de France.
Son choix de quitter l’OL pour rejoindre Manchester United à l’été 2023 a été déterminant. En Angleterre, elle a trouvé du temps de jeu, un cadre plus compétitif, et surtout un vrai environnement pour progresser. Elle s’épanouit pleinement dans son nouveau club, et cela se ressent dans ses performances récentes en Bleu.
Car Malard, c’est une joueuse complète et intelligente. Rapide, technique, imprévisible, elle possède un bon sens du placement, une belle qualité de dribble, et surtout une polyvalence offensive rare : elle peut jouer à gauche, à droite ou dans l’axe. Elle fait souvent les bons appels, sait se rendre disponible, et créer du danger. Si elle gagne en confiance, elle peut devenir beaucoup plus décisive.
Son triplé face à la Belgique en amical, à quelques jours du début de l’Euro, a marqué les esprits. Une performance qui pourrait bien rebattre les cartes dans la hiérarchie offensive. Laurent Bonadei, qui insiste sur la notion de méritocratie et de dynamique du moment, pourrait être tenté de lui donner davantage de responsabilités.
Encore un peu sous-cotée, Melvine Malard a les qualités pour devenir une pièce majeure du dispositif français. Cet Euro 2025 est peut-être le tournant de sa carrière internationale, celui qui lui permettra de s’affirmer durablement dans le groupe et d’apporter la fraîcheur et la concurrence dont les Bleues ont besoin en attaque.
À suivre de très près.
Clara Matéo : la renaissance
Écartée des Jeux Olympiques de Paris 2024, Clara Matéo est bien de retour pour disputer son deuxième Euro avec les Bleues. Une présence qui sonne comme une revanche personnelle pour une joueuse au talent indéniable, mais dont le potentiel n’a pas encore pleinement explosé en sélection.
Depuis son arrivée dans le groupe France en 2020, Matéo a souvent été dans l’ombre. Discrète, timide parfois, elle a manqué de constance et de confiance pour s’imposer durablement. Pourtant, ses qualités sautent aux yeux : intelligence de jeu, justesse technique, qualité de passe, vision, et une belle capacité à se projeter dans la surface.
L’été 2024 a marqué un tournant. Son absence aux JO a été une grosse claque, mais surtout un déclencheur. Elle s’est remise en question, a travaillé, et a livré sa meilleure saison au Paris FC, repositionnée en numéro 9. Résultat : meilleure buteuse et meilleure joueuse du championnat. Une performance qui n’a pas échappé à Laurent Bonadei, qui n’a pas hésité à la rappeler et à lui redonner un rôle majeur dans le groupe.
Son profil est d’autant plus précieux qu’il complète parfaitement celui de Katoto. Moins physique, mais plus fluide dans ses déplacements, Matéo offre une option différente, plus mobile, plus en soutien. Cette variété dans l’animation offensive peut faire la différence dans une grande compétition.
Le sélectionneur croit en elle, maintenant c’est à Clara Matéo de prendre conscience de sa valeur, de s’imposer dans les moments clés, et de devenir l’une des leaders offensives de cette équipe. Elle en a clairement les capacités. Et si cet Euro 2025 marquait enfin la vraie naissance de Clara Matéo en équipe de France.
Cette attaque version 2025 incarne à merveille le projet de jeu voulu par Laurent Bonadei : du mouvement, de la diversité, de la verticalité… et surtout de l’ambition. Il y a dans cette ligne offensive tous les ingrédients pour briller : des cadres qui ont de l’expérience et de la revanche à prendre, des jeunes qui veulent bousculer la hiérarchie, des profils complémentaires, capables de s’adapter à différents types d’adversaires.
Mais au-delà des individualités, c’est la dynamique collective qui impressionne. Une volonté de jouer ensemble, de se battre les unes pour les autres, de faire passer le groupe avant tout. Et dans une grande compétition, ce sont souvent ces détails-là qui font basculer un parcours.
Reste à convertir les intentions en actions, les actions en buts, et les buts… en victoires. Car si cette attaque trouve son rythme, alors tout devient possible pour les Bleues.
Delphine Cascarino 📸 Joana Swan
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